Pour fêter l’Aid el Kebir, le village de Mahasthan a organisé une fête pendant deux nuits. Ce genre de fête n’a lieu que tous les 3 ou 4 ans car cela coute cher. Comme je n’avais jamais été à une fête au Bangladesh, je me suis portée volontaire pour y assister, en sachant que le gars – une crapule, dénomination mystérieuse de la mission pour les gens qui travaillent sur la céramique- qui travaille avec moi devait y participer. La fête était censée commencer vers 22h mais on est venu me chercher vers 20h, et oh horreur, je n’avais rien à me mettre de décent pour une fête ici, c'est-à-dire ni sari ni three pieces. J’ai depuis remédié à ca, en me faisant couper un three pieces, plus aisément remettable en Europe qu’un sari. Je suis donc allée à la fête en jeans-baskets avec une tunique (ce que j’avais de plus approchant d’un three pieces) mais que l’on ne voyait pas car j’avais un pull.
Tout le village était présent à la fête et été arrivé depuis plusieurs heures afin de réserver une bonne place et boire quelques thés auparavant. Il y avait une scène sous un immense chapiteau dans la cour de l’école. Un tiers du chapiteau était réservé aux femmes et aux enfants et le reste pour les hommes. La crapule ayant annoncé que je venais assister à la fête, on m’avait réservé une place d’honneur, derrière la scène au premier rang sur la seule chaise en plastique. J’avais véritablement l’impression de trôner. J’ai donc été l’attraction du début de soirée en attendant que le spectacle commence. Ce spectacle ressemblait d’abord à une fête de fin d’année de l’école primaire, avec des ados qui avaient répété une chorégraphie mais qui ne maitrisaient pas le rythme. Nous avons ensuite eu le droit à des chanteuses-danseuses. Et enfin le clou de la soirée la pièce de théâtre ! Il faut imaginer une pièce de théâtre où les acteurs se regardent et tournent le dos au public, qui se déplacent en fonction des micros qui grésillent et enfin où les acteurs ne connaissent pas leur texte. Il y a donc un souffleur sur le coté qui hurle les répliques et la mise en scène, plus fort que je le jeu des acteurs. A leur corps défendant, ce genre de pièce dure assez longtemps : environ 7h (22h-5h du mat) !! La pièce était régulièrement interrompue par un genre de monsieur Loyal qui tente de faire asseoir les gens qui sont dans la tente et de le laisser debout ceux qui sont au dehors. Il est aidé à cette tache par un petit escadron d’ados armés de bâton. Les rôles principaux sont des acteurs professionnels venus de Dhaka et les autres des amateurs du village. Ils jouaient plutôt bien. J’avoue ne pas avoir compris très bien la pièce, mon bengali n’étant pas courant. Ca avait l’air d’être une grande saga familiale avec des familles riches et des familles pauvres.
J’avoue que le moment que j’ai préféré est celui où monsieur Loyal a dit que des micros de la scène ne marchaient pas, au milieu du jeu des acteurs, personne n’a paru gêné, un gars a pris une chaise en plastique, et est monté dessus pour bricoler les micros ! Autre moment technique intéressant, la lumière. La « console » lumière était faite d’une planche en bois avec des pinces à linge. Au bout de ces pinces à linge des vis qui touchaient une barre de fer, et avec une flopée d’étincelles, il y avait un changement de spot ! Enfin toute la pièce était accompagnée de musique en direct : 2 trompettes avec des bouteilles de plastique comme sourdine, un mini synthé, une batterie spartiate et quelques percussions. C’était souvent un peu fort et l’on entendait pas trop les répliques, mais en même temps cela marquait les temps forts ou les moments dramatiques !
Voila un petit résumé de cette soirée haute en couleurs. J’avoue n’avoir pas tenu toute la nuit et être rentrée vers minuit et demi, une fois vu le jeu de scène un peu court mais pas mal de la crapule.